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Je cherchois une fleur ; je ne vois qu’une tige.
Interdit et confus, je m’éloigne à regret ;
Et la fleur rassurée à l’instant reparoît.
Ah ! Je te reconnois, ô tendre sensitive !
Seule, parmi les fleurs, devant l’homme craintive,
Sans doute il te souvient que mortelle autrefois,
De ta jeune pudeur on méconnut la voix.
Elle adoroit Iphis ; Iphis brûloit pour elle.
Cependant, vertueuse autant qu’elle étoit belle,
La nymphe demandoit que l’hyménée un jour,
Aux piés de son autel, consacrât leur amour.
Quatre soleils encor, ce jour alloit paroître.
L’innocente beauté, dans un réduit champêtre,
Soupiroit, solitaire, à l’heure où le jour fuit.
L’impatient Iphis l’apperçoit et la suit ;
Il approche avec crainte ; et versant quelques larmes,
Il veut hâter l’instant, où maître de ses charmes,
L’hymen doit la porter dans les bras d’un époux.
Elle résiste : Iphis embrasse ses genoux,
Et bientôt du respect passant jusqu’à l’audace,
Insulte à la pudeur qui lui demande grâce ;