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Verrai-je sans ennui la froide symétrie
Prolonger une route, où rien ne se varie ;
Borner le libre essor de ces jeunes ormeaux ;
Qui cherchent à s’épandre en immenses rameaux ;
L’if épaissir en mur sa funèbre verdure,
Le buis parmi les fleurs serpenter en bordure ;
Le verre sur leur tige en prison s’arrondir,
Et le sable au gazon défendre de verdir ?
Non, non ; de ce jardin sévèrement bannie,
La régularité n’en fait point l’harmonie.
Tout naît comme au hazard en ce fertile enclos :
Une source en fuyant l’abreuve de ses flots,
Creuse un riant vivier, s’échappe, et plus rapide
Embrasse un tertre verd de sa zone limpide.
Du milieu de cette isle un berceau toujours frais
Monte, se courbe en voûte, et s’embellit sans frais
De touffes d’aubépine et de lilas sauvage,
Qui, courant en festons, pendent sur le rivage.
Plus loin, ce même enclos se transforme en verger,
Où l’art négligemment a pris soin de ranger
Les arbustes nombreux, que Pomone rassemble :