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Sourit dans tout l’éclat de sa jeune beauté.
Il n’étale à mes yeux ni marbre, ni dorure :
La seule négligence ajoute à sa parure.
Sous les murs d’un palais, sans doute j’aime à voir
Un faste, qui des rois atteste le pouvoir ;
Des héros figurés, de pompeuses arcades,
Des tritons, dont la bouche enfante des cascades ;
Neptune aux aquilons parlant en souverain,
Et menaçant les flots de son trident d’airain ;
Des rivages du Nil le cheval amphibie ;
Les monstres rugissans de Barca, de Nubie,
L’un sur l’autre acharnés : près d’eux, Psyché, Vénus
Déployant au soleil leurs attraits demi-nuds ;
Enfin ce long amas, cette foule immortelle
De chef-d’oeuvres, éclos de l’art de Praxitèle.
Digne ornement du trône, ils peuvent décorer
Ce Versaille, où mon oeil ne veut rien qu’admirer.
Mais ici, dans ce temple ouvert à la nature,
Frais dédale, où mes yeux doivent à l’aventure
Errer pour mieux jouir ; où la simplicité
Me doit faire oublier l’orgueil de la cité.