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La trompe sonne. Alors, traînant avec lenteur
Le fardeau plus pesant de sa laine imbibée,
Elle gagne le bord, haletante, courbée,
Se dresse, et secouant les flots de sa toison,
D’une onde jaillissante arrose le gazon.
Elle s’avance enfin vers le lieu de la plaine,
Où l’acier rigoureux doit lui ravir sa laine,
Ici, Dolon poursuit le robuste bélier,
Et Lycas de vingt noeuds s’apprête à le lier.
Là, de bruyans ciseaux Nice et Phylis armées
Pressent de leurs genoux les brebis allarmées.
Votre frayeur est vaine, innocens animaux ;
Rassurez-vous : cédez aux enfans des hameaux
Cette toison, pour vous incommode parure ;
Et vous irez encor, errans sur la verdure,
Faire entendre aux vallons votre bêlante voix.
Jaloux de présider au plus riant des mois,
Les Gémeaux dans les airs ont déjà pris leur route.
Ils poursuivent la nuit sous la céleste voûte,
Et portés sur deux chars de lumière éclatans,
De l’