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L’un pâle, échevelé, demi-nud, l’oeil éteint,
Sur les corps foudroyés d’un fils et d’une mère,
Charge son dos tremblant de son malheureux père ;
La terre sous ses pas s’ouvre, et l’ensevelit.
Éveillé par les feux qui dévorent son lit,
L’autre près de sa femme à demi-consumée,
Expire dans les flots d’une épaisse fumée.
Sous les loix de l’hymen, l’avare Sélimour
À la riche Mirinde engageoit son amour.
La lampe d’or brûloit dans la demeure sainte,
Et l’encens le plus doux en parfumoit l’enceinte.
On voyoit dans les mains du ministre sacré,
Pour les jeunes époux, le voile préparé :
Le silence regnoit. Dans les flancs de la terre,
Par trois fois roule et gronde un sourd et long tonnerre.
Tous les fronts ont pâli. Le pontife tremblant
Embrasse en vain l’autel sous ses piés chancelant.
L’orage enfin éclate ; et la voûte écroulée
Ensevelit l’autel, le prêtre et l’assemblée.
Ah ! Fuyons ; renonçons à l’or de ces climats.