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Se creusent en abyme, en montagne s’élèvent.
La face du soleil pâlit ; et les éclairs
En longs serpens de feu se croisans dans les airs,
Redoublent en fuyant ces ténèbres profondes,
Restes du vieux cahos ramené sur les ondes.
Le calme reparoît ; mais ce calme est trompeur.
Des flots qu’il a pompés en subtile vapeur,
Le soleil de retour charge un nuage humide,
Tournoyante colonne, immense pyramide,
Qui va cacher sa base au séjour lumineux,
Et pesant sur les flots, monte et baisse avec eux.
Enfin cédant au poids des eaux qu’elle ramasse,
La trombe, comme un roc, épouvantable masse
Tombe, ébranlant la mer jusqu’en sa profondeur.
Là, contre des écueils d’une énorme grandeur,
La vague en bondissant heurte, et brisant ses lames,
Du fluide électrique en fait jaillir les flammes :
Ici, le flot coupé de rapides courans
Tourbillonne, et s’entrouvre en gouffres dévorans.
D’un effroyable amas de rocs, de monts de glace,