Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome I, 1779.djvu/107

Cette page n’a pas encore été corrigée

Et malgré la vieillesse en tous ses traits sensible,
Son corps nerveux décele une force invincible.
Tout pâle à cet aspect l’homme frémit d’effroi ;
Il fuit. Le Dieu lui crie : « Arrête ; écoute-moi.
Par de là cet espace où s’étend mon empire,
Sous ce même soleil, plus d’un peuple respire :
Il y vit étranger à tes arts, à tes biens,
Comme toi-même ici tu l’es encor aux siens.
Descends de tes rochers ; viens, franchis la barrière,
Qui de ces bords lointains te ferme la carrière.
Unis, il en est tems, par des liens sacrés
Ces peuples, que les dieux ont en vain séparés ;
Échange les trésors fruits de ton industrie,
Et fais du monde entier une seule patrie.
Les plus affreux périls vont assaillir tes jours ;
Je ne te cele pas qu’ils renaîtront toujours.
Veux-tu que devant toi je les appelle ensemble ?
Regarde : sous tes yeux mon pouvoir les rassemble. »
Il dit. Soudain les flots de son trident frappés
Par les vents orageux roulent enveloppés,
Se heurtent à grand bruit, retombent, se soulèvent,