Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome I, 1779.djvu/105

Cette page n’a pas encore été corrigée

Les sources, d’où jaillit l’éclat de ta beauté,
Pour nos grossiers ayeux ne furent point ouvertes.
Tel est l’arrêt du sort. Les nobles découvertes
Chez les foibles humains n’arrivent qu’à pas lents.
Le tems seul peut prêter des aîles aux talents ;
Ce Dieu, qui détruit tout, donne à tout l’existence.
Ses mains, en nous armant d’audace et de constance,
Ses mains ont façonné le verre scrutateur,
Qui du ciel sous nos yeux abbaisse la hauteur.
C’est lui qui de l’aiman a trahi le mystère :
Soudain l’homme a couvert l’océan solitaire ;
Et bravant les rochers, les trombes, les typhons,
Tranquille, il s’est assis sur des gouffres sans fonds.
Voyez-vous, aujourd’hui que les vents plus propices
De la mort, sous ses pas, ferment les précipices,
Comme il ose, ombragé d’une forêt de mâts,
Chercher, nouveau Jason, de plus riches climats ?
Il part... ah ! S’il est vrai que le sceau du génie
Atteste sa grandeur, c’est depuis qu’Uranie
Le guide sur les flots où règnent ses projets ;
C’est depuis que les vents, devenus ses sujets,