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L’urne des airs s’épuise : un frais délicieux
Ranime la verdure ; et cependant aux cieux
Le soleil, que voiloit la vapeur printanière,
Commence à dégager sa flamme prisonnière :
Elle brille. Le Dieu transforme en vagues d’or
Les nuages, flottans dans l’air humide encor,
Jette un rézeau de pourpre au sommet des montagnes,
Enflamme les forêts, les fleuves, les campagnes,
Et sur l’émail des prés étincelle en rubis.
Jusqu’au règne du soir, les tranquilles brebis
De leurs doux bêlemens remplissent la colline ;
L’ormeau plus amoureux vers le tilleul s’incline ;
Zéphyre se réveille, et le chant des oiseaux
Se marie en concert au murmure des eaux.
Enfin dans un nuage, où l’oeil du jour se plonge,
La ceinture d’Iris se voûte en arc, s’allonge,
Et du flambeau du ciel décomposant les feux,
Du pourpre au double jaune, et du verd aux deux bleus,
Jusques au violet qui par dégrés s’efface,
Promène nos regards dans les airs qu’elle embrasse.
Salut, gage riant de la sérénité !