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72 L’ART THÉÂTRAL MODERNE.

était obligé jusqu’ici, pour cacher aux spectateurs les découvertes, de superposer, d’établir des bandes d’air. Le peintre de décors doit commencer pour tout décor nouveau par établir le plus possible de surfaces peintes, à suspendre ou à dresser, de façon à cacher aux spectateurs assis en face et de côté les issues de la scène. Et chacun sait combien l’inévitable charmille et les frontons gâtent les meilleurs décors. Dans les décors qui représentent une rue dans une ville, on trouve presque toujours de chaque côté, derrière les maisons, de grands groupes d’arbres dont le bout des branches se réunissent Au milieu de la rue. Ceci n’est voulu que pour dissimuler les frontons indispensables, qui en eux-mêmes sont peu naturels, qui, à la longue se détériorant, seraient laids à voir, et dont on ne peut néanmoins se passer.

Si l’on veut représenter la pleine mer, le peintre est obligé de placer toute une série de rochers escarpés qui sont reliés en haut aux rubans horizontaux peints en bleu, représentant le ciel. Il reste seulement, pour représenter « la pleine mer, le petit espace entre les rubans du ciel et les rochers » de la côte. Les auteurs, naturellement, n’exigent pas ces coulisses de rochers, mais on est forcé d’établir n’importe quel décor pour cacher les entrées. Autre exemple : « la cime d’une montagne ». lie peintre ne posera pas des rochers, mais une sextuple rangée d’arbres se réunissant au sommet. La « cime de la montagne » se trouve ainsi abritée sous un véritable toit de verdure, car il fallait bien dissimuler les coulisses du haut et des côtés.

On voit d’après ce qui précède, combien l’on arrive à simplifier les choses par l’adoption de la voûte artificielle. Tous les accessoires de décors, plafonds, cintres, frontons, que l’on devait utiliser en masse, disparaissent et ne nuisent plus, comme jadis h l’illusion du spectateur. On peut même renoncer en partie aux coulisses des côtés, qui, lorsqu’on n’emploie pas d’arc, doivent monter à une hauteur considérable jusqu’aux combles.

Partie technique. — La partie technique du système Fortuny a été établie, après plusieurs années d’essais, en vue des grandes exigences de la scène. Il se compose de :

La voûte céleste ;

Du système d’éclairage qui peut être employé avec ou sans voûte céleste, en maintenant l’horizon arrondi actuellement en usage.