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68 L’ART THÉÂTRAL MODERNE.

de lumière réunies, ou la lumière diffuse unique, peuvent éclairer un espace. Mais la lumière directe seule ne peut y arriver que lorsqu’elle remplit toutes les parties d’une enceinte, ou qu’en tombant sur des surfaces claires elle se transforme en lumière diffuse. Une pièce tendue de noir, dans laquelle on fait pénétrer un rayon de soleil par un trou, n’est pas éclairée, mais si le rayon tombe sur une surface claire, mate (ne reflétant pas en miroir), la pièce s’éclairera par cette lumière diffuse.

La couleur de la source de lumière est donc très importante pour l’effet artistique à obtenir. La lumière incandescente, comparativement à celle du soleil, est jaune rougeâtre ; tandis que la lumière à arc se rapproche beaucoup de celle du soleil, qui est blanche. Celle de la lumière à arc l’est aussi avec un reflet légèrement rougeâtre. Mais sur la scène, on s’est tellement habitué à la lumière jaune de la lampe à incandescence, qu’on trouve la lumière à arc bleuâtre, et que, pour rendre un effet de lever de soleil, on la fait passer par des réflecteurs à verres jaunes. Cet éclairage n’est pas celui de la nature ; une lumière teinte en jaune donne, à vrai dire, l’impression d’une clarté plus forte que celle de la lumière blanche, et peut, pour cette raison, être utilisée, mais modérément pour les scènes où un effet de soleil prononcé doit être rendu par raison scénique et technique.

Le système de Fortuny part de là, et l’éclairage de la scène par ce procédé répond aux efforts artistiques de façon complète. Four l’obtenir, on se sert de la lumière blanche produite par la lumière à arc de charbons purs, non pas répartie sur la scène, mais dirigée sur des surfaces en étoffe, et qui de là rayonne en lumière diffuse.

On remarquera que la lumière diffuse seule, renvoyée par de grandes surfaces éclairées, donne l’illusion de la lumière naturelle, et produit un tout autre effet que celui de la lumière passant au travers de vitres dépolies ou de projecteur en verres à côtes, et appelée également lumière diffuse. Pour remplacer la voûte naturelle du ciel, on établit une voûte artificielle sur la scène qui, suivant la machinerie de théâtre, est fixe, mobile, ou peut se rabattre sur elle-même. Cette voûte, d’un blanc mat, est éclairée par les surfaces précitées, réfléchissant de la lumière diffuse, et prend l’aspect d’une voûte céleste illuminée, qui renvoie la lumière sur les décors situés plus bas.