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42 L’ART THÉÂTRAL MODERNE. Le théâtre réaliste en arrive à « l’absurde parce qu’il veut mettre en scène « le quatrième mur ! », dit l’autre. La scène est devenue une sorte de magasin d’articles de musée, une succursale de fabrique, annonce un troisième ! Et l’on ne s’aperçoit pas que changer et bouleverser des scènes est insuffisant ; il faut remonter au principe même du théâtre naturaliste. L’absurde est de mêler le vrai au faux ; les arbres, les meubles, les ustensiles vrais, sous un ciel de toile et devant un horizon peint. Ainsi de suite. Entre ces extrêmes, quelque bonne que soit la peinture, point d’harmonie possible. Sous un ciel de toile, la verdure vivante étonne et choque ; il ne peut en être autrement. Selon M. Yalère Brussov, tout le théâtre européen est sur une mauvaise voie. Vou- loir copier la vie, et obliger les acteurs à gesticuler et à soupirer d’une façon spéciale, cela afin d’être « exact » ; mettre en scène, pour imiter une chambre authentique, les trois murs d’un pavillon, c’est créer des conventions artistiques, insensées, oiseuses, au lieu de recourir purement et simplement au théâtre conventionnel. « Les statues de marbre et de bronze sont incolores, voilà qui est convenu. La gravure sur laquelle les feuilles sont noires et le ciel bleu, procure pourtant une véritable jouissance esthétique. Partout où il y a art, il y a conventions. » « L OISEAU BLEU ». LE CHIEN. DESSIN DE V.-E. EGOROF. Il est temps que le théâtre cesse de falsifier la réalité. Un nuage sur un tableau est plat, immobile, ne change ni de forme ni de couleur, mais il y a en lui quelque chose