Page:Rostand - Un soir à Hernani, 1902.djvu/29

Cette page a été validée par deux contributeurs.

La Providence — car toujours la Providence
Lorsque naît un génie est dans la confidence ! —
Sourit de ce Trésor qui n’est qu’un prête-nom ;
Et trois mille soldats renforcés de canon,
Gardent, croyant garder un coffre plein de piastres,
Un merveilleux enfant dont l’âme est pleine d’astres !



Je rêve les détails du voyage.



Je rêve les détails du voyage. Un convoi
Fait exprès, semble-t-il, pour l’enfant qui le voit !
Chaîne héroï-comique, espagnole et française,
Et dont chaque chaînon est fait d’une antithèse !
On voyage en Espagne, on est gardé par des
Grenadiers : ce sont des grenadiers hollandais.
Napoléon, qui pense à tout malgré la guerre,
Envoie un personnel tout neuf au Roi son frère :
De sorte qu’on peut voir un quadrille dansant
D’auditeurs au Conseil d’État sur des pur-sang.
Le Trésor est suivi de trois cents véhicules
Remplis de voyageurs charmants ou ridicules.
Élégance où parfois la loque flamboya,
On dirait d’un Boilly retouché par Goya.