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UN SOIR À HERNANI




À PAUL MEURICE


I


« Zoin da herri hori ? »


« Zoin da herri hori ? » Le vieil homme fit halte.


L’heure rosait au loin les croupes de basalte ;
La montagne semblait courir au golfe clair
Pour mêler ses moutons aux moutons de la mer ;
La fougère était morte et l’herbe tremblait toute ;
Et, noir contre le ciel, au tournant de la route
Où malgré la saison deux genêts épineux
Gardaient du velours jaune entre leurs piquants bleus,
L’homme, qu’enveloppait une vaste rotonde,
Était assis de l’air le plus triste du monde
Sur un petit cheval à tête de mulet.