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Percinet

Mon premier rendez-vous, le soir… Ah ! je défaille !…
La brise fait le bruit d’une robe de faille…
On ne voit plus les fleurs… j’ai des larmes aux yeux…
On ne voit plus les fleurs… mais on les sent bien mieux !
Oh ! ce grand arbre, avec une étoile à son faîte !…
Mais qui donc joue ainsi des airs ? — La nuit s’est faite.

Oui, la douce nuit s’est faite, et voici
Qu’en l’azur foncé du ciel obscurci,
S’allumant partout, par là, par ici,
Et l’une après l’une,
Tandis que l’étang est tout coassant,
Les étoiles vont en nombre croissant
Tout autour, autour du grêle croissant
De la pâle lune !
Éclats de saphir et de diamant,
Étoiles, je fus longtemps votre amant,
Et je vous parlais, le soir, ardemment,
Perdu dans la nue !…
Mais ma poésie a changé de cours
Depuis que, tenant de naïfs discours,
Ses petits cheveux au front coupés courts,
Sylvette est venue !