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LA FORÊT. 55

Affreuse. Et comme, un jour, pour la dernière fois. Assis dans la fraîcheur exquise d’un sous-bois. Je voulais découvrir les mots exacts pour dire L’églantier qui fleurit, la brise qui soupire, Le mystère si calme et frais du clair-obscur, Les petits airs penchés des clochettes d’azur Qui se livrent, sans doute, à quelque babillage, Et les sourires bleus du ciel dans le feuillage. Le soleil qui parfois en rais semble pleuvoir. Je me mis à pleurer de ne pas le pouvoir ! J’étais vaincu, brisé ! Soudain, tout mon courage S’en allait ! Je pleurais d’impuissance et de rage ! Je pleurais, suffoqué de douleur, étouffant D’un de ces gros chagrins de poète et d’enfant ! Et les branches étaient doucement frémissantes. Et jamais les oiseaux cheminant dans les sentes N’avaient été plus gais, les merles plus siffleurs. Au-dessus de mon front passaient des vols ronfleurs D’abeilles, de frelons... J’étais couché dans l’herbe : Et je la sentais douce, odorante. Et, superbe. Sans savoir que pour elle un homme sanglotait. La foret verdoyait. fleurissait et chantait !

La Nature est toujours la grande indifférente ;