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O bohème déchu dont le sort fut si rude.
Es-tu du grand sommeil sous la terre endormi.
Ou bien fais-tu toujours, là-has. ta triste étude.
Et liras-tu ces vers de ton petit ami ?

Grand poète incompris, ivrogne de génie.
Toi qui me prédisais un si bel avenir,
Tu fus mon maître vrai. Loin que je te renie.
Aujourd’hui j’ai voulu chanter ton souvenir.

Et si la mort t’a pris, ce qui vaut mieux peut être,
Car tu ne souffres plus ni faim, ni froid cuisant.
Dors tranquille, mon vieux. repose-toi, pauvre être,
Toi que j’ai tant aimé... doux pochard... Pif-Luisant !


1889.