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Tu souris, car tu vois la scène et la coulisse ;
Et quand ta douceur fait semblant
De vouloir consoler, ce n’est qu’une malice
Cousue avec un rayon blanc.

Oui, quand, les soirs d’été, nous cueillons un peu l’heure,
Heureux au clair de lune, enfin !
Tu n’apportes jamais qu’une paix qui nous leurre
Dans tes corbeilles d’argent fin.

Face de Pierrot grave ou de gai Monsignore,
Pourquoi sourire ? Est-ce que c’est
Parce que tu connais ce que la Terre ignore ?
Sais-tu ? Ne sais-tu pas ? Qui sait ?

Souris-tu pour cacher des fiertés socratiques,
Ou des doutes à la Pyrrhon ?
Quel genre d’ironie est-ce que tu pratiques,
Profil mince ou visage rond ?

Sont-ce jeux de docteur qui sourit en Sorbonne
De ce qu’il sait qu’il ne sait rien ?
Parfois n’a-t-elle pas, ta nonchalance bonne,
Quelque chose de renanien ?