Page:Rostand - Les Musardises, 1911.djvu/27

Cette page a été validée par deux contributeurs.


III

À MA LAMPE


Ô vieille lampe, ô vieille amie, à ta lumière
Que de bouquins je lus, que de vers j’écrivis !
Sous ton humble abat-jour que de fois tu me vis
Veiller, quand le sommeil rougissait ma paupière !

Lampe ventrue et basse, en cuivre bosselé,
Comme on en voit encor sur les vieilles crédences,
Tu reçus bien souvent de graves confidences :
De mes espoirs les plus secrets je t’ai parlé.

Lampe, pendant longtemps tu fus ma seule amie ;
Et, lorsque j’habitais tout là-haut, sous le toit.
Seuls m’étaient doux les soirs passés autour de toi…
Et les fiacres roulaient dans la rue endormie.