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2 LE CANTIQUE DE L’AILE Il y eut quelques fils, cette toile, et le vide... Et l’homme s’envola. Nous ne l’avons pas lu dans les fables d'Ovide : Nous avons vu cela.

C’est en vain que s’accroche au fuselage grêle Le spectre Icarien. Il est temps de chanter le Cantique de l’Aile : L’homme n’a peur de rien.

Rien n’est plus impossible à l’homme qui machine Son éternel complot, Puisqu’il vient de s’asseoir sur l’invisible échine D’un invisible flot !

Aile, arrache la roue au baiser gras de l’herbe, Et monte au ciel d’été Dans la gloire du risque et le dégoût superbe De la sécurité !

Tremble au vent fluvial ! danse au remous sylvestre ! Et t’incline un moment, Pour que les champs natals dorent l’Oiseau terrestre D’un reflet de froment !