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Roxane, surprise de ne plus rien entendre, se retourne, le regarde, et se levant effrayée.

Et samedi, vingt-six…Il est évanoui ?

(Elle court vers lui en criant.)

Cyrano !

Cyrano, rouvrant les yeux, d’une voix vague.

Cyrano !Qu’est-ce ?… Quoi ?…

(Il voit Roxane penchée sur lui et, vivement, assurant son chapeau sur sa tête et reculant avec effroi dans son fauteuil.)

Cyrano !Qu’est-ce ?… Quoi ?…Non ! non ! je vous assure,
Ce n’est rien. Laissez-moi !

Roxane.

Ce n’est rien. Laissez-moi !Pourtant…

Cyrano.

Ce n’est rien. Laissez-moi !Pourtant…C’est ma blessure
D’Arras… qui… quelquefois… vous savez…

Roxane.

D’Arras… qui… quelquefois… vous savez…Pauvre ami !

Cyrano.

Mais ce n’est rien. Cela va finir.

(Il sourit avec effort.)

Mais ce n’est rien. Cela va finir.C’est fini.

Roxane, debout près de lui.

Chacun de nous a sa blessure : j’ai la mienne.
Toujours vive, elle est là, cette blessure ancienne,

(Elle met la main sur sa poitrine.)

Elle est là, sous la lettre au papier jaunissant
Où l’on peut voir encor des larmes et du sang !

(Le crépuscule commence à venir.)

Cyrano.

Sa lettre !… N’aviez-vous pas dit qu’un jour, peut-être,
Vous me la feriez lire ?

Roxane.

Vous me la feriez lire ?Ah ! vous voulez ?… Sa lettre ?

Cyrano.

Oui… Je veux… Aujourd’hui…

Roxane, lui donnant le sachet pendu à son cou.

Oui… Je veux… Aujourd’hui…Tenez !

Cyrano, le prenant.

Oui… Je veux… Aujourd’hui…Tenez !Je peux ouvrir ?