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CYRANO DE BERGERAC.
(Regardant Roxane avec amour.)

La quitter… elle !

(Avec fureur, Valvert.)

La quitter… elle ! Et lui !… – Mais il faut que je sauve
Lignière !…

(Il sort en courant. – De Guiche, le vicomte, les marquis, tous les gentilshommes ont disparu derrière le rideau pour prendre place sur les banquettes de la scène. Le parterre est complètement rempli. Plus une place vide aux galeries et aux loges.)

La salle.

Lignière !…Commencez.

Un bourgeois, dont la perruque s’envole au bout d’une ficelle, pêchée par un page de la galerie supérieure.

Lignière !…Commencez.Ma perruque !

Cris de joie.

Lignière !…Commencez.Ma perruque ! Il est chauve !…
Bravo, les pages !… Ha ! ha ! ha !…

Le bourgeois, furieux, montrant le poing.

Bravo, les pages !… Ha ! ha ! ha !…Petit gredin !

Rires et cris, qui commencent très fort et vont décroissant.

HA ! ha ! ha ! ha ! ha ! ha !

(Silence complet.)

Le Bret, étonné.

HA ! HA ! ha ! ha ! ha ! ha ! Ce silence soudain ?…

(Un spectateur lui parle bas.)

Ah ?…

Le spectateur.

Ah ?…La chose me vient d’être certifiée.

Murmures, qui courent.

Chut ! — Il paraît ?… — Non !… – Si ! — Dans la loge grillée.
– Le Cardinal ! — Le Cardinal ? — Le Cardinal !

Un page.

Ah ! diable, on ne va pas pouvoir se tenir mal !…

(On frappe sur la scène. Tout le monde s’immobilise. Attente.)