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Cyrano.

Pleurer ?…Oui… parce que… mourir n’est pas terrible.
Mais… ne plus la revoir jamais… Voilà l’horrible !
Car enfin je ne la…

(Christian le regarde.)

Car enfin je ne la…nous ne la…

(Vivement.)

Car enfin je ne la…nous ne la…tu ne la…

Christian, lui arrachant la lettre.

Donne-moi ce billet !

(On entend une rumeur, au loin, dans le camp.)

La voix d’une sentinelle.

Donne-moi ce billet !Ventrebieu, qui va là ?

(Coups de feu. Bruits de voix. Grelots.)

Carbon.

Qu’est-ce ?…

La sentinelle, qui est sur le talus.

Qu’est-ce ?…Un carrosse !

(On se précipite pour voir.)

Cris.

Qu’est-ce ?…Un carrosse !Quoi ? Dans le camp ? — Il y entre !
— Il a l’air de venir de chez l’ennemi ! — Diantre !
Tirez ! — Non ! le cocher a crié ! — Crié quoi ? —
Il a crié : Service du Roi !

(Tout le monde est sur le talus et regarde au-dehors. Les grelots se rapprochent.)

De guiche.

— Il a crié : Service du Roi !Hein ? Du Roi !…

(On redescend, on s’aligne.)

Carbon.

Chapeau bas, tous !

De guiche, à la cantonnade.

Chapeau bas, tous !Du Roi ! — Rangez-vous, vile tourbe,
Pour qu’il puisse décrire avec pompe sa courbe !

(Le carrosse entre au grand trot. Il est couvert de boue et de poussière. Les rideaux sont tirés. Deux laquais derrière. Il s’arrête net.)