Page:Rostand - Cyrano de Bergerac.djvu/134

Cette page a été validée par deux contributeurs.
Cyrano.

Lactée !…Oh ! par l’enfer !C’est le ciel qui m’envoie !

(Se croisant les bras.)

Non ! croiriez-vous, je viens de le voir en tombant,
Que Sirius, la nuit, s’affuble d’un turban ?

(Confidentiel.)

L’autre Ourse est trop petite encor pour qu’elle morde !

(Riant.)

J’ai traversé la Lyre en cassant une corde !

(Superbe.)

Mais je compte en un livre écrire tout ceci,
Et les étoiles d’or qu’en mon manteau roussi
Je viens de rapporter à mes périls et risques,
Quand on l’imprimera, serviront d’astérisques !

De guiche.

À la parfin, je veux…

Cyrano.

À la parfin, je veux…Vous, je vous vois venir !

De guiche.

Monsieur !

Cyrano.

Monsieur !Vous voudriez de ma bouche tenir
Comment la lune est faite, et si quelqu’un habite
Dans la rotondité de cette cucurbite ?

De guiche, criant.

Mais non ! Je veux…

Cyrano.

Mais non ! Je veux…Savoir comment j’y suis monté.
Ce fut par un moyen que j’avais inventé.

De guiche, découragé.

C’est un fou !

Cyrano, dédaigneux.

C’est un fou !Je n’ai pas refait l’aigle stupide
De Regiomontanus, ni le pigeon timide
D’Archytas !…

De guiche.

D’Archytas !…C’est un fou, — mais un fou savant.