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CYRANO DE BERGERAC.

À Montfleury !…

(Les pages remontent pour sortir. — À la duègne.)

À Montfleury !… Je viens demander à Roxane
Ainsi que chaque soir…

(Aux pages qui sortent.)

Ainsi que chaque soir… Jouez longtemps, — et faux !

(À la duègne.)

…Si l’ami de son âme est toujours sans défauts ?

Roxane, sortant de la maison.

Ah ! qu’il est beau, qu’il a d’esprit et que je l’aime !

Cyrano, souriant.

Christian a tant d’esprit ?…

Roxane.

Christian a tant d’esprit ?… Mon cher, plus que vous-même !

Cyrano.

J’y consens.

Roxane.

J’y consens. Il ne peut exister à mon goût
Plus fin diseur de ces jolis rien qui sont tout.
Parfois il est distrait, ses Muses sont absentes ;
Puis, tout à coup, il dit des choses ravissantes !

Cyrano, incrédule.

Non ?

Roxane.

Non ? C’est trop fort ! Voilà comme les hommes sont :
Il n’aura pas d’esprit puisqu’il est beau garçon !

Cyrano.

Il sait parler du cœur d’une façon experte ?

Roxane.

Mais il n’en parle pas, Monsieur, il en disserte !

Cyrano.

Il écrit ?

Roxane.

Il écrit ? Mieux encor ! Écoutez donc un peu

(Déclamant.)

« Plus tu me prends de cœur, plus j’en ai !… »

(Triomphante.)

« Plus tu me prends de cœur, plus j’en ai !… » Eh bien !