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LE GRAND-DUC, solennellement.
Avant de commencer, poussons, mais à bas bruit,
Le cri qui nous met tous d’accord.
TOUS.
Vive la Nuit !
Et c’est un chœur, pressé, mystérieux et sauvage, coupé de battements d’ailes et de longs cris dans la nuit, où tous parlent l’un sur l’autre, avec des dandinements féroces.
LE GRAND-DUC.
Vive la Nuit souple et benoîte
Où nous volons d’une aile en ouate,
Où, quand tout dort,
Grâce au mutisme de notre aile
La perdrix n’entend pas sur elle
Venir la mort !
LE CHAT-HUANT.
Vive la Nuit commode et molle
Où l’on peut, lorsque l’on immole
Des lapereaux,
Ensanglanter la marjolaine
Sans avoir à prendre la peine
D’être un héros !
UN VIEUX HIBOU.
Vivent les ombres qui sont nostres !
LA HULOTTE.
Le silence où dans tous nos rostres
Craquent des os !
UNE CHOUETTE.
La fraîcheur où, tiède, tu gicles
Sur les verres de nos besicles,
Sang des oiseaux !