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UN CHAT-HUANT.

Jamais l’oiseau de nuit ne mange un oiseau noir.
Tu peux venir !

LE MERLE.

Tu peux venir ! Le mot de passe ?

LE CHAT-HUANT.

Tu peux venir ! Le mot de passe ? Ombre et Rapace !

LA FAISANE, sortant sa tête de la niche.

J’étouffe sous le toit de cette maison basse,
Et…

Apercevant les Nocturnes.

Et… Oh !

Elle se rejette vivement en arrière, mais reste aux aguets.
LES CHATS-HUANTS.

Et… Oh ! Chut !

Ils ferment rapidement leurs yeux, puis, n’entendant plus rien, les rouvrent.

Et… Oh ! Chut ! Rien… Partons !

UNE VOIX, dans le groupe resté éveillé.

Et… Oh ! Chut ! Rien… Partons ! Bonne chance, Hiboux !

LE CHAT-HUANT.

Merci. Mais pourquoi donc êtes-vous tous pour nous ?

LE CHAT.

Ah ! la nuit fait sortir ce qu’on cache à soi-même !
Je n’aime pas le Coq parce que le Chien l’aime.

LE DINDON.

Je n’aime pas le Coq, moi, Dindon, propter hoc
Que, l’ayant vu poussin, je ne l’admets pas coq !

UN CANARD.

Moi, Canard, parce que, comme il n’a pas de toiles
Entre les doigts, il trace en marchant des étoiles !

UN POULET.

Je n’aime pas le Coq parce que je suis laid !