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Il court vers l’abreuvoir.

De l’eau ! C’est qu’on a peur de l’abimer !

De l’eau ! C’est qu’onIl l’éclabousse vivement de son autre aile.

De l’eau ! C’est qu’on a peur de l’abimer ! De l’eau !

LE FAISAN DORÉ, revenant à lui.

On me poursuit ! Ah ! cachez-moi !

LE MERLE.

On me poursuit ! Ah ! cachez-moi ! C’est du mélo !

Au Faisan.

Comment diable a-t-on pu vous manquer ?

LE FAISAN DORÉ, allant et venant, éperdu.

Comment diable a-t-on pu vous manquer ? Par surprise |
Le chasseur n’attendait qu’une alouette grise.
En me voyant partir, il a dit : « Sacrebleu ! »
Il n’a vu que de l’or. Je n’ai vu que du feu !
Mais le chien me poursuit, un affreux chien…

Mais le chien me pSe trouvant devant Patou, il ajoute vivement :

Mais le chien me poursuit, un affreux chien… … de chasse !

À Chantecler.

Cachez-moi !

CHANTECLER, agité.

Cachez-moi ! C’est qu’il est voyant. Ça m’embarrasse.
Où le cacher ? — Monsieur… Seigneur… Noble étranger…
— Où cacher l’arc-en-ciel s’il était en danger ?

PATOU.

Là, près du petit banc qui supporte deux ruches,
J’habite un chalet vert qu’on cale avec des bûches :
Entrez !

Le Faisan Doré entre ; mais sa longue queue sort toujours de la niche.

Entrez ! Ces manteaux d’or sont vraiment trop cossus !
Un bout dépasse encor, là… Je m’assois dessus !

Il s’assied sur les plumes qui dépassent, et feint de manger sa pâtée dans l’écuelle qui est devant sa niche. Paraît Briffaut, au-dessus du mur. Longues oreilles tombantes et bajoues tremblantes.
PATOU, à Briffaut, d’un air qui veut être dégagé.

Bonjour !