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Je te chante, et tu peux m’accepter pour ton prêtre,
Toi qui viens dans la cuve où trempe un savon bleu,
Et qui choisis souvent, quand tu vas disparaître,
Lorsqu’L’humble vitre d’une fenêtre
Lorsqu’Pour lancer ton dernier adieu !

LE MERLE, passant sa tête entre les barreaux.

Nous n’y couperons pas, mes enfants : c’est une ode

LE DINDON, regardant Chantecler qui, par les degrés d’un tas de foin,
descend du mur.

Il avance, plus fier…

UNE POULE, s’arrêtant devant une petite pyramide de fer-blanc.

Il avance, plus fier… Tiens ! l’abreuvoir !

Elle boit.

Il avance, plus fier… Tiens ! l’abreuvoir ! Commode.

LE MERLE.

…Plus fier qu’un Toulousain qui chante : « O moun Païs ! »

CHANTECLER, qui commence à marcher dans la cour.

Tu fais tourner…

TOUTES LES POULES, courant vers la Blanche.

Tu fais tourner… Que croque-t-elle ?

LA POULE BLANCHE.

Tu fais tourner… Que croque-t-elle ? Du maïs.

CHANTECLER.

Tu fais tourner les tournesols du presbytère,
Luire le frère d’or que j’ai sur le clocher,
Et quand, par les tilleuls, tu viens avec mystère,
Et quaTu fais bouger des ronds par terre
Et quaSi beaux qu’on n’ose plus marcher !

Tu changes en émail le vernis de la cruche ;
Tu fais un étendard en séchant un torchon ;
La meule a, grâce à toi, de l’or sur sa capuche,
Et quaEt sa petite sœur la ruche
Et quaA de l’or sur son capuchon !