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Il chantonne l’air que siffle le Merle.

« Qu’il fait donc bon cueillir… cueillir… » Canard,
Sache qu’il faut savoir ne pas finir, en art !
« Cueillir… » Bravo !

Le Merle sort, et, pose sur une branche de glycine, salue.

UN POUSSIN, étonné.
Il sort ?
LE MERLE, saluant.

Sache qu’il faut savoir ne pas Oui, quand le public vibre.
Je suis apprivoisé !

SacheIl rentre.
LE POUSSIN.

Je suis apprivoisé ! Mais sa cage ?

LE DINDON.

Sache qu’il faut savoir ne pas finirIl est libre
D’en sortir brusquement et d’y rentrer soudain,
Car la porte n’a pas de ressort à boudin.
« …Cueillir ! » …Ce n’est plus rien si l’on dit ce qu’on cueille !

LA POULE NOIRE, apercevant le Papillon posé sur les fleurs
qui au fond, dépassent le mur.

Oh ! le beau papillon !

LA POULE BLANCHE.

Oh ! le beau papillon ! Où ?

LA POULE NOIRE.

Oh ! le beau papillon ! Où ? Sur le chèvrefeuille !

LE DINDON, doctoral.

Ce papillon s’appelle un Mars.

LE POUSSIN, suivant des yeux le Papillon.

Oh ! le beau papillon ! Où ? xxxxAh ! sur l’œillet !

LA POULE BLANCHE, au Dindon.

Un Mars ! Pourquoi ?

LE MERLE, passant sa tête entre les barreaux.

Un Mars ! Pourquoi ? Mais parce qu’il vient en juillet !

LA POULE BLANCHE.

Ce Merle… il est roulant !