Page:Rostand - Chantecler.djvu/233

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Que la première fois…

Elle s’arrête, frappée d’une idée.

Que la première fois… Oh !…

CHANTECLER

Que la première fois… Oh !… Quoi ?

LA FAISANE.

Que la première fois… Oh !… Quoi ? Rien.

À part.

Que la première fois… Oh !… Quoi ? Rien. Ah ! tu sens
Peser la nuit !…

CHANTECLER, redescendant.

Peser la nuit !… Quoi ?

LA FAISANE, avec une petite révérence ironique.

Peser la nuit !… Quoi ? Rien.

D’un ton détaché.

Peser la nuit !… Quoi ? Rien. Branchons-nous.

Chantecler remonte pour se brancher. Alors, elle, à part.

Peser la nuit !… Quoi ? Rien. Branchons-nous. Il ignore
Que lorsqu’un rossignol chante en un bois sonore
Et qu’on croit l’écouter cinq minutes chanter,
On a passé la nuit entière à l’écouter,
Trompé comme en un bois de légende allemande !…

CHANTECLER, ne la voyant pas revenir, redescend.

Que dis-tu ?

LA FAISANE, lui riant au bec.

Que dis-tu ? Rien…

UNE VOIX, dehors.

Que dis-tu ? Rien… L’Illustre Coq ?

CHANTECLER, regardant autour de lui.

Que dis-tu ? Rien… L’Illustre Coq ? On me demande ?

LA FAISANE, qui est allée du côté d’où vient la voix.

Là, dans l’herbe…

Et soudain elle recule.

Là, dans l’herbe… Ah ! mon Dieu ! ce sont les…

Avec un haut-le-cœur.

Là, dans l’herbe… Ah ! mon Dieu ! ce sont les… Ce sont les…

Elle se cache d’un bond dans l’arbre creux, en disant :

Reçois-les !