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LA FAISANE, violente.

Ainsi, non seulement tu te réintéresses
À la fidélité de les vieilles maîtresses !…

CHANTECLER, évasif.

Oh !

LA FAISANE.

Oh ! Mais encor…

CHANTECLER.

Oh ! Mais encor… Je…

L’ABEILLE DU LISERON.

Oh ! Mais encor… Je… Vrrr !

CHANTECLER, mettant son aile sur le liseron.

Oh ! Mais encor… Je… Vrrr ! Je…

L’ABEILLE DU LISERON, s’obstinant sous l’aile de Chantecler.

Oh ! Mais encor… Je… Vrrr ! Je… Vrrrr !

LA FAISANE.

Oh ! Mais encor… Je… Vrrr ! Je… Vrrrr ! Vous me trompiez
Jusqu’à penser à vous épousseter les pieds !

CHANTECLER.

Mais…

LA FAISANE.

Mais… Ce rustre, tenez, qu’on a pris sur sa meule…
Et l’on ne pourrait pas dans son âme être seule !

CHANTECLER, se redressant.

Quand on habite une âme, il vaut mieux, crois-le bien,
S’y rencontrer avec l’Aurore — qu’avec rien !

LA FAISANE, révoltée.

Non ! c’est le grand amour que l’Aurore m’enlève !

CHANTECLER.

Il n’est de grand amour qu’à l’ombre d’un grand rêve !
Comment ne veux-tu pas qu’il coule plus d’amour
D’un cœur qui par métier doit s’ouvrir chaque jour ?