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LA FAISANE.

Sur le langage des oiseaux !

CHANTECLER.

Sur le langage des oiseaux ! Ah ?

LA FAISANE.

Sur le langage des oiseaux ! Ah ? Car, tu sais,
Les oiseaux, pour prier, parlent en vers français ;
Mais ils ont, pour parler entre eux dans les cépées.
Un patois cristallin fait d’onomatopées.

CHANTECLER.

Ils parlent japonais.

Le Pivert frappe de son bec trois petits coups : Toc ! toc ! toc ! sur le bois de l’arbre.

Ils parlent japonais. Entrez !

LE PIVERT, apparaissant indigné.

Ils parlent japonais. Entrez ! Japonais ?

CHANTECLER.

Ils parlent japonais. Entrez ! Japonais ? Oui :
Les uns disent : « Tio ! tio ! » et les autres : « Tzoui ! tzoul ! »

LE PIVERT.

Les oiseaux parlent grec depuis Aristophane !

CHANTECLER, s’élançant vers la Faisane.

Ah ! pour l’amour du grec !…

Ils se becquettent.
LE PIVERT.

Ah ! pour l’amour du grec !… Sachez, jeune profane,
Que le cri du traquet rieur : « Oui-ouis-tra-tra »,
Est la corruption du mot Lysistrata !

Il disparait.
LA FAISANE, à Chantecler.

Tu n’aimeras jamais que moi ?

On entend : Toc ! toc ! toc !
CHANTECLER.

Tu n’aimeras jamais que moi ? Entrez !

LA FAISANE, à Chantecler.

Tu n’aimeras jamais que moi ? Entrez ! Parole ?…