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Rieur des buissons bas qui jamais ne t’élance,
Toi, tu veux imiter ?…

À un des Coqs exotiques, qui, derrière lui, caquête.

Toi, tu veux imiter ?… Coq du Japon, silence !
Ou bien je vous rabats votre kakémono !…

LE COQ DU JAPON.

Ah ! permettez !…

CHANTECLER, continuant, au Merle.

Ah ! permettez !… Tu veux imiter le Moineau,
Qui, toujours ouvrant l’aile au moment qu’il s’esclaffe,
Va souligner ses mots d’un fil de télégraphe ?…
Eh bien, je ne veux pas te faire de chagrin,
Mais — j’entends les moineaux lorsqu’ils pillent mon grain ! —
Tu n’y es pas du tout ! On voit luire l’œil rose
Du lapin que l’esprit, quand tu l’attends, te pose !

LE MERLE, abasourdi.

Il parle argot ?

CHANTECLER.

Il parle argot ? Je parle tout, étant le Coq.
Depuis la langue d’Oc jusqu’à la langue toc !

LE MERLE.

Toc ?

CHANTECLER.

Toc ? Ton bagout, c’est du chiqué !

LE MERLE.

Toc ? Ton bagout, c’est du chiqué ! Chiqué ?

CHANTECLER.

Toc ? Ton bagout, c’est du chiqué ! Chiqué ? De pauvre !
L’article de Paris qu’on fabrique en Hanovre !
Le sinistre plaqué des bazars !

LE MERLE, ahuri.

Le sinistre plaqué des bazars ! Le plaqué ?

CHANTECLER.

Et d’un bazar qui n’est pas même au coin du quai !