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LA FAISANE, les yeux levés.

Il plane !

TOUS, dans un gémissement de terreur.

Il plane ! Oh !

CHANTECLER, criant vers le ciel, d’une voix éclatante.

Il plane ! Oh ! Je suis là !

PATOU.

Il plane ! Oh ! Je suis là ! Il entend ton clairon…

LA FAISANE.

S’éloigne…

L’ombre a passé.
TOUS, se redressent dans un cri joyeux de délivrance.

S’éloigne… Ah !

Et vont en courant reprendre leur place, pour voir la fin du combat.
PATOU.

S’éloigne… Ah ! Et l’on voit se reformer le rond !

CHANTECLER, tressaillant.

Tu dis ?

Il regarde. C’est vrai, le cercle s’est instantanément reformé Les cous sont tendus, les yeux luisent.
LA FAISANE.

Tu dis ? Et maintenant, tous veulent qu’on te tue,
Pour se venger sur toi de la peur qu’ils ont eue !

CHANTECLER.

On ne me tuera plus ! Je me suis redressé
Quand l’Ennemi de tous dans le ciel a passé !

Il marche sur le Pile.

Et j’ai repris courage en tremblant pour les autres !

LE PILE BLANC, stupéfait d’être vigoureusement attaqué.

Mais ses forces, soudain ?…

CHANTECLER.

Mais ses forces, soudain ?… Valent trois fois les vôtres !
Car m’excitant au noir comme au rouge un taureau,
J’ai vu trois fois la Nuit dans l’ombre d’un oiseau !

Le Pile Blanc, acculé contre la haie, se prépare à faire usage de ses couteaux.