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Chut ! Avec tous les bruits d’un beau jour, la Nature
Fait une rumeur vaste et compose en rêvant
Le plus mystérieux des morceaux d’ouverture,
Orchestré par le soir, la distance et le vent !

Et tous ces bruits — chanson d’une fille qui passe, —
Rires d’enfants scandés au trot des bourriquots, —
Coups de fusil lointains, — notes de cor de chasse, —
Oui, tous ces bruits sont bien des bruits dominicaux.

Une fenêtre s’ouvre. Une porte se ferme.
On entend les grelots du vieux harnais frémir.
N’est-ce pas qu’on la voit, la vieille cour de ferme ?
Le chien dort, et le chat fait semblant de dormir.

Dimanche ! Les fermiers vont partir pour la fête.
Le vieux cheval piétine.

UNE VOIX RUDE, derrière la toile, parmi des piaffements.

Le vieux cheval piétine. Ho ! la Grise !

UNE AUTRE VOIX, comme appelant quelqu’un qui s’attarde.

Le vieux cheval piétine. Ho ! la Grise ! Viens-tu ?
On rentrera très tard cette nuit.

UNE VOIX IMPATIENTE.

On rentrera très tard cette nuit. Es-tu prête ?

UNE AUTRE VOIX.

Mets la barre aux volets.

UNE VOIX D’HOMME.

Mets la barre aux volets. Oui.

UNE VOIX DE FEMME.

Mets la barre aux volets. Oui. Mon ombrelle !…

UNE VOIX D’HOMME, dans un claquement de fouet.

Mets la barre aux volets. Oui. Mon ombrelleHu !