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Ah ! l’herbe est verte, une vache broute, un veau tette…
Et, bénissons le Ciel, ce veau n’a qu’une tête !

Il redescend auprès de la Faisane.
LA FAISANE.

Viens dans les bois naïfs, sincères et mouillés,
Où nous nous aimerons !

LE MERLE, à la Pintade, lui montrant Chantecler et la Faisane
qui se parlent de très près.

Où nous nous aimerons ! Ça marche !…

LA PINTADE, émoustillée.

Où nous nous aimerons ! Ça marche !… Vous croyez ?

Elle ouvre ses ailes pour leur faire un paravent.

Ah ! j’aime tant couver une intrigue secrète !

LE MERLE, passant son bec sous l’aile de la Pintade pour suivre
le manège de la Faisane.

Oui, je crois qu’elle songe à s’annexer la Crête !

LA FAISANE, à Chantecler.

Viens !

CHANTECLER, reculant avec effroi.

Viens ! Non ! Je dois chanter où le sort me plaça !
Ici, je suis utile, on m’aime.

LA FAISANE, qui se souvient de ce qu’elle a entendu,
la nuit dans la cour de ferme.

Ici, je suis utile, on m’aime. Tu crois ça !
— Non, non ! Viens dans les bois où nous pourrons entendre
Deux vrais Pigeons encor s’adorer d’amour tendre !

LE DINDON, au fond.

Mesdames, le grand Paon…

LE PAON, modestement.

Mesdames, le grand Paon… Le Surpaon… qui surprend !…

LE DINDON.

… Va nous faire la roue !… — À nos vœux il se rend… —

On se groupe. Tous les Coqs aux plumages inouïs sont en corbeille autour de leur Patron.