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LES POULES, autour du Cochinchinois,
poussant des petits cris scandalisés.

Oh !

LA PINTADE, avec ravissement.

Oh ! C’est le plus pervers de nos gallinacés !

CHANTECLER, plus fort.

Assez !

LE COCHINCHINOIS, s’arrête, et, avec un étonnement narquois :

Assez ! Le Coq Gaulois ?

CHANTECLER.

Assez ! Le Coq Gaulois ? Je ne suis pas de Gaule
Si vous donnez au mot un sens vilain et drôle !
Morbleu ! chacune sait que mes claironnements
Sont loin d’avoir été… sopranisés au Mans ;
Mais vos perversités pour petite drôlesse
Qui se fait dans les coins pincer les sot-l’y-laisse
Révoltent mon amour de l’Amour ! Il est vrai
Que je tiens un peu plus à rester enivré
Que ces Cochinchinois qui mêlent, pour qu’on rie,
De la chinoiserie à leur… cochinerie,
Que mon sang court plus vite en un corps moins mastoc,
Et que je ne suis pas un… Cochin, — mais un Coq !

LA FAISANE, à mi-voix.

Viens dans les bois. Je t’aime !

CHANTECLER, qui regarde autour de lui.

Viens dans les bois. Je t’aime ! Oh ! voir enfin paraître
Un être véritable, un être simple, un être…

L’HUISSIER-PIE, annonçant.

Les Deux Pigeons !

CHANTECLER, n’en pouvant croire ses oreilles, à la Pintade.

Les Deux Pigeons ! Ce sont les Deux ?…

LA PINTADE.

Les Deux Pigeons ! Ce sont les Deux ?… Je les attends !