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LA FAISANE.

Vous regardiez ?

LE MERLE, désignant le trou qui est au fond du pot de terre.

Vous regardiez ? Mais oui ! ce rouge tronc de cône
Avait juste un trou noir pour passer mon bec jaune.
Et puis, c’était trop beau… Pardon, mais j’ai du goût !

LA FAISANE.

Puisque vous l’admirez, je vous pardonne tout !

CHANTECLER.

Mais…

LE MERLE, allant et venant avec agitation.

Mais… La belle Beauté !… j’y vais du pléonasme !

CHANTECLER, étonné.

Comment ! toi, tu pourrais…

LE MERLE.

Comment ! toi, tu pourrais… Tu sais, l’Enthousiasme,
Je ne suis pas porté sur ce genre de sport…
Eh bien, cette fois-ci, mon vieux, c’est Le Transport !

CHANTECLER.

Vraiment ?

LE MERLE.

Vraiment ? Je ne prends pas, tu vois, quand je t’admire,
Un pigeon voyageur pour te l’envoyer dire !
Ce Coq qui chante, hou !… Cette aurore qui luit,
Hou !…

LA FAISANE, au Coq.

Hou !… Je crois que je peux vous laisser avec lui.

CHANTECLER.

Où vas-tu donc ?

LA FAISANE, un peu gênée de sa frivolité.

Où vas-tu donc ? Je vais chez la…

LE MERLE.

Où vas-tu donc ? Je vais chez la… Car son aubade
A même fait lever le Jour… de la Pintade !