Page:Rostand - Chantecler.djvu/112

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LE MERLE, qui n’a pas entendu.

Que dit-il ?

LE SCOPS, vivement.

Que dit-il ? Rien !

Il reprend, avec une frénésie croissante :

Que dit-il ? Rien ! Et puis…

ON ENTEND AU LOIN.

Que dit-il ? Rien ! Et puis… Cocorico !

Brusque silence. Le Scops s’arrête et se courbe, comme fauché. Tous les Hiboux gonflés semblent soudain maigrir.
TOUS, se regardant entre eux en clignotant.

Que dit-il ? Rien ! Et puis… Cocorico ! Quoi ? Qu’est-ce ?

Et, tout de suite, ils ouvrent leurs ailes et se mettent à s’appeler pour fuir.

Grand-Duc ! — Moyen ! — Petit !

LE MERLE, sautillant de l’un à l’autre.

Grand-Duc ! — Moyen ! — Petit ! Vous partez ? Rien ne presse !

VOIX D’UN NOCTURNE en appelant un autre.

Hibou !…

LE MERLE.

Hibou !… L’aurore est loin, vous avez tout le temps !

LE CHAT-HUANT.

Non ! dès qu’il a chanté nos yeux sont clignotants !

UNE CHOUETTE.

Surnia, venez-vous ?

UNE AUTRE, appelant.

Surnia, venez-vous ? Nyctale !

UNE AUTRE, qui la rejoint en voletant.

Surnia, venez-vous ? Nyctale ! Oui, mon amie…

Tous titubent, s’empêtrent dans leurs ailes
LE MERLE, stupéfait.

Ils trébuchent !

LES NOCTURNES, clignotant des yeux, avec de petits soubresauts
de douleur.

Ils trébuchent ! Je souffre ! Ay !… ay !

LE MERLE.

Ils trébuchent ! Je souffre ! Ay !… ay ! C’est l’ophtalmie !

Les Hiboux s’envolent un à un.