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METTERNICH.

J’amenais justement votre ami.

LE DUC.

J’amenais justement votre ami.Mon ami ?

METTERNICH.

Le maréchal Marmont.

PROKESCH, avec une indignation contenue.

Le maréchal Marmont.Marmont !

METTERNICH, regardant Prokesch.

Le maréchal Marmont.Marmont !Il est parmi
Ceux qu’il me plaît de voir ici.

PROKESCH, entre ses dents.

Ceux qu’il me plaît de voir ici.J’aime à le croire.

METTERNICH.

Il est là.

LE DUC, très aimablement.

Il est là.Mais qu’il vienne !

(Metternich sort. À peine la porte fermée, le duc s’abat dans le fauteuil, et se cognant avec désespoir la tête contre la table.)

Il est là.Mais qu’il vienne !Ah ! mon père !… la gloire !…
Les aigles !… le manteau !… le trône impérial !…

(On entend la porte se rouvrir. Il se redresse, immédiatement calme et souriant, et très naturellement, à Marmont qui entre avec Metternich.)

Comment vous portez-vous, Monsieur le maréchal ?

METTERNICH, désirant emmener Prokesch.

Prokesch, venez un peu voir la chambre qu’habite
Le duc…

(Il lui prend le bras et l’emmène. Le duc et Marmont restent seuls.)



Scène VIII

LE DUC, MARMONT, un instant METTERNICH et PROKESCH
MARMONT, s’asseyant sur un signe du duc.

C’est, Monseigneur, ma dernière visite
Car, sur lui, je n’ai plus à vous apprendre rien.

LE DUC.

C’est vraiment désolant ; vous en parliez si bien