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THÉRÈSE, s’arrêtant.

Petite Source !Mais… pourquoi « Petite Source » ?

LE DUC.

Mais parce qu’elle m’a rafraîchi bien des fois,
L’eau qui dort dans vos yeux et court dans votre voix.
— Adieu…

THÉRÈSE remonte, puis, sur le seuil, comme attendant, espérant encore…

Adieu…Vous n’avez pas autre chose à me dire ?

LE DUC.

Pas autre chose…

THÉRÈSE.

Pas autre chose…Adieu, Monseigneur…
Pas autre chose…Adieu, Monseigneur…(Elle sort)

LE DUC.

Pas autre chose…Adieu, Monseigneur…Je déchire.



Scène VI

LE DUC, PROKESCH.
PROKESCH.

Oh ! je vois…

LE DUC, rêveur.

Ah ! je vois…Elle m’aime… et j’aurais pu vraiment…
Ah ! je vois…(Changeant de ton.)
Mais faisons de l’histoire et non pas du roman !
Travaillons… Reprenons notre cours de tactique.

PROKESCH, déroulant un papier qu’il a apporté et l’appliquant sur la table :

Je vous soumets un plan. Faites-m’en la critique.

LE DUC, débarrassant la grande table, écartant les livres et les armes pour ménager un champ de bataille.

Attends ! Prends-moi d’abord — là, dans ce coin, tu vois ? —
La grande boîte où sont tous les soldats de bois !
Ma démonstration, je vais bien mieux la faire
Avec notre petit échiquier militaire.