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LE DUC, avec désespoir.

Et la Comtesse ? — Rien de nouveau ? Rien !Oh !Rien !
Elle m’oublie !… ou bien, on l’a surprise !… ou bien… —
— Oh ! l’an passé, n’avoir pas fui, quelle folie !…
Non ! j’ai bien fait… je suis plus prêt ! — mais on m’oublie !…

PROKESCH.

Chut !…
Chut !…(Il regarde autour de lui.)
Chut !…Vous travaillez là ? C’est charmant !

LE DUC.

Chut !…Vous travaillez là ? C’est charmant !C’est chinois.
— Oh ! ces oiseaux dorés ! oh ! ces magots sournois
Tapissant tout le mur de sourires à claques !
Ils me logent ici, dans le Salon des Laques,
Pour que sur le fond noir de ce sombre décor,
Mon uniforme blanc ressorte mieux encor !

PROKESCH.

Prince !

LE DUC, allant et venant, avec agitation.

Prince !Ils ont composé de sots mon entourage !

PROKESCH.

Que faites-vous ici, depuis six mois ?

LE DUC.

Que faites-vous ici, depuis six mois ?Je rage !

PROKESCH, remonté vers le balcon.

Je ne connaissais pas Schœnbrunn.

LE DUC.

Je ne connaissais pas Schœnbrunn.C’est un tombeau !

PROKESCH, regardant.

La Gloriette, au fond, sur le ciel, c’est très beau !

LE DUC.

Oui, pendant que mon cœur de gloire s’inquiète,
J’ai ce diminutif, là-bas : la Gloriette !

PROKESCH, redescendant.

Vous avez tout le parc pour monter à cheval.

LE DUC.

Le parc est trop petit !