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LE DUC, ramassant un papier tombé de l’herbier.

Sa douceur…Qu’est-ce donc qui s’envole ?… Un papier ?
(Il lit :)
Si les étudiants s’obstinent à crier
Que dans des régiments, tous, on les incorpore…
(À l’archiduchesse.)
Vous disiez… Sa douceur ?…

L’ARCHIDUCHESSE, feuilletant l’herbier.

Vous disiez… Sa douceur ?…Oui, l’empereur t’adore.
Sa bonté…

LE DUC, ramassant un autre papier qui est tombé de l’herbier.

Sa bonté…Qu’est-ce encor ?…
Sa bonté…Qu’est-ce encor ?… (Il lit.)
Sa bonté…Qu’est-ce encor ?…Puisqu’on s’est révolté,
Ordre à nos cuirassiers de charger…
Ordre à nos cuirassiers de charger…(À l’Archiduchesse.)
Ordre à nos cuirassiers de charger…Sa bonté ?…

L’ARCHIDUCHESSE, nerveusement.

Il peut ne pas aimer l’esprit nouveau, le trouble !
Mais c’est un excellent vieil homme.

LE DUC.

Mais c’est un excellent vieil homme.Oui, c’est vrai ; double !
(Refermant l’herbier.)
— Fleurettes d’où pourtant, sentences, vous tombiez,
Le bon empereur Franz ressemble à ses herbiers !
— D’ailleurs on l’aime !… Il sait se rendre populaire.
— Je l’aime bien.

L’ARCHIDUCHESSE.

— Je l’aime bien.Il peut, pour ta cause, tout faire !

LE DUC.

Ah ! s’il voulait !…

L’ARCHIDUCHESSE.

Ah ! s’il voulait !…Promets de ne t’enfuir jamais
Qu’après avoir tenté près de lui…

LE DUC, lui tendant la main.

Qu’après avoir tenté près de lui…Je promets.

L’ARCHIDUCHESSE, après avoir topé, respirant comme rassurée.

Ça, c’est gentil !…
Ça, c’est gentil !…(Et gaiement)
Ça, c’est gentil !…Il faut que je te récompense !