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LE DUC.

— Que portez-vous ?L’herbier de l’Empereur.Ah ! diable !
L’herbier de mon grand-père !…
(Il le lui prend et l’ouvre sur ses genoux.)

L’ARCHIDUCHESSE.

L’herbier de mon grand-père !…Il me l’a, ce matin,
Prêté, Franz !

LE DUC, regardant l’herbier.

Prêté, Franz !Il est beau.

L’ARCHIDUCHESSE, lui montrant une page.

Prêté, Franz !Il est beau.Toi qui sais le latin,
Quel est ce monstre sec et noir ?

LE DUC.

Quel est ce monstre sec et noir ?C’est une rose.

L’ARCHIDUCHESSE.

Franz, depuis quelque temps, vous avez quelque chose.

LE DUC, lisant.

Bengalensis.

L’ARCHIDUCHESSE.

Bengalensis.Ah ! oui !… du Bengale !

LE DUC, la félicitant.

Bengalensis.Ah ! oui !… du Bengale !Très bien.

L’ARCHIDUCHESSE.

Je vous trouve nerveux… qu’avez-vous ?

LE DUC.

Je vous trouve nerveux… qu’avez-vous ?Je n’ai rien.

L’ARCHIDUCHESSE.

Si ! je sais ! votre ami Prokesch, l’enthousiaste
Confident d’un espoir que l’on trouve trop vaste,
Ils l’ont envoyé loin.

LE DUC.

Ils l’ont envoyé loin.Mais, en revanche, ils m’ont
Procuré pour ami le maréchal Marmont,
Qui, méprisé là-bas, voyage… pour se faire
Complimenter ici d’avoir trahi mon père.

L’ARCHIDUCHESSE.

Chut !