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Mais… je suis le second à lire mon courrier.
Pas prisonnier du tout ! mais… chaque nuit on place
À ma porte un laquais, —

(Montrant un laquais qui est venu reprendre le plateau, et traverse le salon pour l’emporter.)

À ma porte un laquaistenez, celui qui passe ! —
Moi, le duc de Reichstadt ! un prisonnier ?… jamais !
Un prisonnier !… Je suis un pas-prisonnier-mais.

DIETRICHSTEIN, un peu pincé.

J’approuve une gaieté… bien rare.

LE DUC.

J’approuve une gaieté… bien rare.Rarissime !

DIETRICHSTEIN, saluant pour prendre congé.

Votre Altesse…

LE DUC, gravement.

Votre Altesse…Sérénissime.

DIETRICHSTEIN.

Votre Altesse…Sérénissime !Hein ?

LE DUC.

Votre Altesse…Sérénissime !Hein ?…Ré-nis-sime !
On m’a donné ce titre, il m’est particulier :
Tâchez une autre fois de ne pas l’oublier !

DIETRICHSTEIN, saluant le duc.

Je vous laisse.
(Il sort.)



Scène III

LE DUC, L’ARCHIDUCHESSE.
LE DUC, à l’archiduchesse, amèrement.

Je vous laisse.Sérénissime… hein ? Admirable !…

(Il se jette dans un fauteuil, et remarquant, sous son bras, l’album qu’elle a repris sur la table.)

— Que portez-vous ?

L’ARCHIDUCHESSE.

— Que portez-vous ?L’herbier de l’Empereur.