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Des morceaux ?…
Des morceaux ?…(Il cherche à les réunir.)
Des morceaux ?…C’est peut-être une lettre… De qui ?

(Entraîné par la curiosité professionnelle il est tout à fait sous la table, ramassant, cherchant à lire. À ce moment une porte, à droite, s’ouvre et le duc entre, suivi de sa maison militaire : général Hartmann, capitaine Foresti, etc. Les laquais se rangent précipitamment. Le duc est en uniforme : l’habit blanc boutonné à collet vert, les pattes d'ours d’argent sur les manches, un grand manteau blanc sur les épaules. Bicorne noir au retroussis duquel est piquée une verte feuille de chêne. Sur la poitrine, les deux plaques de Marie-Thérèse et de Saint-Étienne. Se mêlant au ceinturon du sabre, la ceinture de soie, jaune et noire, à gros glands. Bottes.)



Scène II

LE DUC, SEDLINSKY, L’ARCHIDUCHESSE, LE DOCTEUR, FORESTI, DIETRICHSTEIN.
LE DUC, très naturellement, en jetant un coup d’œil sur les deux jambes qui, seules, sortent de sous la table.

Tiens ! comment allez-vous, monsieur de Sedlinsky ?

SEDLINSKY, apparaissant stupéfait, à quatre pattes.

Altesse !…

LE DUC.

Altesse !…Un accident. Excusez-moi. Je rentre.

SEDLINSKY, debout.

Vous m’avez reconnu, mais j’étais…

LE DUC.

Vous m’avez reconnu, mais j’étais…À plat ventre.
Je vous ai reconnu tout de suite.

(Il voit l’archiduchesse qui entre vivement. Elle est en costume de jardin ; grand chapeau de paille ; sous le bras un album somptueusement relié qu’elle pose sur la table avec son ombrelle. Elle a l’air inquiet. — Le duc, en la voyant entrer, énervé.)

Je vous ai reconnu tout de suite.Allons, bien !
On vous a dérangée…

L’ARCHIDUCHESSE.

On vous a dérangée…On m’a dit…

LE DUC.

On vous a dérangée…On m’a dit…Ce n’est rien !