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SEDLINSKY.

On doit manœuvrer.Donc… du flair, du tact. — Enfin,
Surveillez-le sans qu’il s’en doute.

L’HUISSIER, souriant.

Surveillez-le sans qu’il s’en doute.Je suis fin.

SEDLINSKY.

Pas de zèle. Quand on fait du zèle, je tremble.
— Surtout, n’écoutez pas aux portes tous ensemble.

L’HUISSIER.

C’est un soin dont je n’ai chargé qu’un seul agent.

SEDLINSKY.

Lequel ?

L’HUISSIER.

Lequel ?Le Piémontais.

SEDLINSKY.

Lequel ?Le Piémontais.Oui, très intelligent.

L’HUISSIER.

C’est lui que chaque soir je mets dans cette pièce,
Sitôt que dans sa chambre a passé Son Altesse.

(Il désigne, à gauche, la porte de la chambre du duc.)
SEDLINSKY.

Il est là ?

L’HUISSIER.

Il est là ?Non. La nuit ne pouvant fermer l’œil,
Le jour, quand le duc sort, il dort dans un fauteuil.
Il sera là sitôt le duc rentré.

SEDLINSKY.

Il sera là sitôt le duc rentré.Qu’il veille !

L’HUISSIER.

C’est compris.

SEDLINSKY, jetant un regard sur la table.

C’est compris.Les papiers ?

L’HUISSIER, souriant.

C’est compris.Les papiers ?Explorés.

SEDLINSKY, se penchant pour regarder sous la table.

C’est compris.Les papiers ? Explorés.La corbeille ?

(Il s’agenouille vivement en voyant des petits bouts de papier sur le tapis, autour de la corbeille.)