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DIETRICHSTEIN, bousculant la comtesse et le jeune homme, qui ramassent leurs paquets.

Ah ! mon Dieu !Des drapeaux !Vos robes, vos chapeaux !
(Ils les pousse dehors.)
Plus vite ! Allez-vous-en !

LE DUC, tombant épuisé sur un fauteuil.

Plus vite ! Allez-vous-en !Des drapeaux ! des drapeaux !
(La comtesse et le jeune homme sont sortis.)

DIETRICHSTEIN.

Ils étaient encore là !

LE DUC, dans une quinte de toux.

Ils étaient encore là !Des drapeaux !

DIETRICHSTEIN.

Ils étaient encore là !Des drapeaux !Quelle affaire !
Monseigneur…

LE DUC.

Monseigneur…Je me tais.

DIETRICHSTEIN.

Monseigneur…Je me tais.C’est bien tard pour se taire…
Que dira Metternich ?… Ces gens dans ce salon !…

LE DUC, essuyant son front en sueur.

D’ailleurs pour aujourd’hui, je n’en sais pas plus long.
(Il tousse encore.)
Monsieur le professeur…

DIETRICHSTEIN, lui versant un verre d’eau.

Monsieur le professeur…Vous toussez ?… Vite, à boire !…

LE DUC, après avoir bu une gorgée.

N’est-ce pas que j’ai fait des progrès en histoire ?

DIETRICHSTEIN.

Nul livre n’est entré, pourtant, je le sais bien !

D’OBENAUS.

Quand Metternich saura…

LE DUC, froidement.

Quand Metternich saura…Vous ne lui direz rien.
Il s’en prendrait à vous d’ailleurs.

DIETRISCHSTEIN, bas à d’Obenaus.

Il s’en prendrait à vous d’ailleurs.Mieux vaut nous taire,