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METTERNICH.

Je le tiens tout à fait dans ma main.

GENTZ.

Je le tiens tout à fait dans ma main.Tout à fait.

LE DUC, est arrivé devant Thérèse qui, assise, dans un coin, devant un guéridon, feuillette un livre. Il la regarde un instant ; puis, à mi-voix :

Pourquoi donc pleuriez-vous ?

THÉRÈSE, qui ne l’a pas vu venir, tressaillant, et se levant toute troublée.

Pourquoi donc pleuriez-vous ?Parce que…

LE DUC.

Pourquoi donc pleuriez-vous ? Parce que…Non.

THÉRÈSE.

Pourquoi donc pleuriez-vous ? Parce que…Non.Altesse !

LE DUC.

Je sais pourquoi. — Ne pleurez pas.

(Il s’éloigne rapidement, et se trouve devant Metternich qui ayant pris son chapeau et ses gants pour sortir, le salue.)
METTERNICH, saluant le duc

Je sais pourquoi.Ne pleurez pas.Duc, je vous laisse.

(Le duc répond par une inclination de tête. — Metternich sort, emmenant l’attaché.)
LE DUC, à Marie-Louise et à Dietrichstein qui regardent des papiers sur la table.

Vous lisez mon dernier travail ?

DIETRICHSTEIN.

Vous lisez mon dernier travail ?Il est charmant.
Mais pourquoi faire exprès des fautes d’allemand ?
C’est une espièglerie !

MARIE-LOUISE, choquée.

C’est une espièglerie !À votre âge, être espiègle,
Mon fils !

LE DUC.

Mon fils !Que voulez-vous ? je ne suis pas un aigle !

DIETRICHSTEIN, soulignant de l’ongle une faute.

Vous mettez encor « France » au féminin !

LE DUC.

Vous mettez encor « France » au féminin !Hélas !
Moi je ne sais jamais si c’est der, die ou das !